LA PEDAGOGIE A L’ENEP :
La pédagogie pose la question du « comment apprendre ? ». Le but, amener le savoir à son plus haut niveau d’intelligibilité au plus haut niveau de compréhension du stagiaire en veillant à ne pas agir selon des certitudes pédagogiques. Nous ne pouvons prendre l’engagement, telles les entreprises automobiles qui sortent des modèles de voitures identiques, de revendiquer un modèle de stagiaire DEJEPS ou DESJEPS qui maîtriserait l’intégralité des savoirs. Il faut de l’humilité en formation. Cette humilité n’est pas contradictoire avec l’exigence de recherche et d’investissement dans tous les moyens mobilisables au service d’un apprentissage de qualité s’adressant à des singularités au sein d’un collectif. Pour cette nouvelle aventure pédagogique, nos travaux, notre expérience et nos recherches nous ont amené à proposer une démarche pédagogique qui reprendrait et proposerait les points suivants :
- Il n’est pas de savoir sans apprendre. Or, il est souvent difficile d’amener les stagiaires à comprendre que la formation ne peut offrir que ce qu’elle a et qu’il leur est demandé un travail en dehors de la formation. Ce travail consiste à découvrir des écrits, à rechercher, à produire…
- L’évocation permet aux stagiaires de pouvoir porter une attention particulière à une exigence de vocabulaire et de sémantique. Ainsi, lors de nos interventions nous privilégions l’évocation et ainsi la déconstruction des représentations initiales.
- Intégrer la notion d’obstacles dans l’apprentissage pour favoriser la réflexion et le travail de recherche
- Impulser une dynamique collective autour de la confiance en soi et de l’estime de soi en désacralisant l’erreur et en se servant de l’erreur comme outil d’apprentissage.
- Opposer les savoirs aux croyances et ne pas tomber dans le piège d’opposer nos croyances aux croyances. Ne pas chercher ainsi à systématiquement conceptualiser mais ramener le plus souvent possible la théorie à la pratique, la pratique à la théorie. Contextualiser les thématiques d’enseignement.
- Adopter une attitude et des comportements bienveillants mais non complaisants à l’égard des stagiaires.
- Privilégier la prise de paroles et faciliter la prise de parole sans arrêter le processus de réflexion des stagiaires dès la première réponse donnée. Installer des temps de débats.
- Impulser des temps de découvertes culturelles et proposer un dispositif qui permette aux stagiaires d’être force de propositions dans les choix culturels.
- Avoir une démarche d’éducation populaire reposant sur le postulat que chaque stagiaire est acteur et auteur de sa formation, que chaque stagiaire est détenteur de savoirs, de compétences et qu’ainsi les partages et les échanges de savoirs et de compétences permettent au groupe de s’enrichir mutuellement. Ne pas isoler le formateur comme seul détenteur d’un savoir descendant.
- Amener à la prise de conscience que le savoir est la Liberté et que la curiosité culturelle et intellectuelle peut (doit) être l’affaire de tous pour emprunter le chemin de l’émancipation. Encourager l’esprit critique et le libre arbitre et ne pas hésiter à sortir du thème abordé en formation pour s’intéresser à un autre thème proposé par un stagiaire.
- Former dans un cadre de laïcité et permettre ainsi non seulement de comprendre la liberté de conscience mais aussi de percevoir la laïcité comme un ensemble de protections.
- Avoir quand cela est possible une fermeté vis à vis du vocabulaire. C’est à dire donner de l’importance à la sémantique en encourageant les stagiaires à enrichir leur vocabulaire, à rechercher le mot le plus précis qui peut définir leur pensée. Inviter les stagiaires à définir les mots ou expressions importantes qu’ils emploient afin de comprendre et d’en assimiler le sens.
- Privilégier les temps de travail en groupes et la recherche collective.
- Amener le stagiaire à la recherche de sens dans ses écrits, ses prises de parole et ses actions d’animation.
- Donner de l’importance à l’apprentissage du savoir – être et notamment du savoir – être au sein d’un collectif. Trouver sa place et idéalement s’épanouir au sein d’un groupe fait appel à deux conditions : La place que je recherche, la place que l’on me laisse.
- Ne pas se placer en situation de possesseur et de prédicateur de certitudes, tant sur le plan des contenus théoriques que sur celui de la posture.
- Adapter ses outils et sa démarche pédagogique. Proposer une pédagogie s’appuyant sur des visuels et sur de l’écoute pour que chaque profil pédagogique soit pris en compte dans notre manière d’enseigner et ne pas enseigner comme nous apprenons.
- Communiquer régulièrement entre formateurs sur les thématiques, sur les problématiques rencontrées et échanger des outils, des méthodes, des démarches.
- Proposer aux stagiaires de réfléchir sur leur propre méthode d’apprentissage et proposer des méthodes.
- Proposer régulièrement des interventions extérieures et des visites de sites. Encourager les voyages d’études en sollicitant l’investissement des stagiaires à la préparation et à l’organisation de ceux ci.
